A l'époque du tout numérique, de l'immédiateté du résultat, de la quasi gratuité des images et de la facilité à en produire, beaucoup ne vivent plus les instants qu'à travers leurs appareils photo. Profiter d’un lieu ou vivre un événement est devenu moins important que l’intention de le partager, notamment sur les réseaux sociaux. L’instant en général et le voyage en particulier est alors vécu à travers le prisme du regard de l'autre et les images ne sont plus des souvenirs ni des témoignages, mais des faire-valoir dans nos sociétés modernes.
Réalisée début 2014, au Vietnam, cette série de photographies, va à l'encontre de cette dérive de la photographie. Elle a été réalisée à l'aide d'un sténopé, procédé argentique rudimentaire constitué d'une simple boite percée d'un trou d'aiguille à l’opposé d'une surface photosensible et se veut être un éloge de la lenteur dans le processus du souvenir de voyage.
Lenteur dans les prises de vue, d’une part à travers les pauses longues inhérentes au procédé et d’autre part à travers leurs faibles fréquences rythmées par la contemplation d’un moment particulier du voyage, souvent lié au ressenti d’une ambiance.
Lenteur dans le développement et le traitement des images ensuite par le temps passé avant de trouver l’envie de redécouvrir ces souvenirs latents, telles les images non révélées, capturées sur le film.
